On sait maintenant que la pollution
atmosphérique rend malade et tue.
On sait qu'elle est due principalement aux gaz d'échappement
des véhicules à moteur.
On sait maintenant que l'évolution climatique va entraîner
un surcroît de pollution.
On sait que l'on ne va pas pouvoir poursuivre la consommation de
pétrole longtemps à ce rythme (épuisement des
ressources et effet de serre avec ses conséquences sur le
climat).
On sait qu'il n'y a pas d'autre solution viable que de diminuer
l'usage des véhicules à moteur dans notre agglomération.
On sait quelles sont les alternatives à l'automobile qu'il
faut développer pour permettre à la fois une mobilité
correcte pour tous et diminuer les impacts négatifs de l'utilisation
des véhicules à moteur.
On sait que la politique de développement des transports
en commun commence à porter ses fruits à Grenoble
et qu'il faut l'amplifier.
On sait que cette politique demande des moyens financiers importants
et qu'ils vont manquer, car les collectivités locales ne
mobilisent pas assez de financements et l'Etat se désengage
en diminuant les subventions.
Par contre, ce que beaucoup ne savent pas, c'est
que le tunnel sous la Bastille ne servira surtout pas à diminuer
les embouteillages dans l'agglomération.
Le tunnel ne servira pas
à diminuer les embouteillages dans l'agglomération
!
Le tunnel a été choisi à gabarit réduit
et à débit réduit pour éviter d'attirer
de nouveaux trafics. En aucun cas il ne permettra une augmentation
de trafic sur les trois branches de l'Y grenoblois (Voiron, Grésivaudan,
Sud).
Le tunnel vise à diminuer le trafic dans la ville centre
(grands boulevards et quais) en obligeant les voitures à
tourner autour et à ne pas la traverser (plan de déplacement
en marguerite), et surtout sa capacité est limitée
pour ne pas permettre d'augmenter le trafic en amont. Il sera donc
saturé dès son ouverture et les bouchons continueront
en amont.
Au contraire : avec le tunnel les embouteillages vont continuer
à se développer. Une étude officielle démontre
que le trafic continuera à augmenter sur les voiries autoroutières
qui sont déjà saturées (cf. tableau ci-contre).
Par quel miracle les embouteillages vont-ils disparaître ?
Mais alors pourquoi cette proposition de tunnel
?
Comme toujours, quand il y a des embouteillages, le réflexe
de ceux qui ne veulent rien changer (les conservateurs), est de
proposer une augmentation de la capacité des voiries au lieu
de pousser à un changement de mode de transports, d'où
la fuite en avant dans l'augmentation sans fin du trafic automobile
et de la pollution.
Au moment de la réflexion sur la 3ème ligne de tram
sur les grands boulevards, la question s'est posée de savoir
où faire passer les voitures chassées des grands boulevards.
Au lieu de développer des propositions de changement de mode
de déplacements, les conservateurs ont accepté, sans
réfléchir, une proposition alléchante lancé
par un bureau d'étude (sans étude approfondie) d'une
rocade virtuelle pas trop chère à gabarit réduit,
tout en souterrain, gratuite, avec traitement des fumées,
vendue aux élus pour 2 milliards de francs tout compris !
Le tunnel est défendu par tous les élus des partis
traditionnels, de gauche comme de droite, car ils croient que c'est
la meilleure façon de faire des voix ou de ne pas en perdre.
Beaucoup savent qu'il ne réglera rien, mais ils ne veulent
pas qu'on leur reproche de ne pas avoir tout tenté
Tant
que les habitants croient que le tunnel va résoudre leurs
problèmes, la manipulation marchera.
La pollution atmosphérique rend malade
et tue et cela ne va qu'empirer.
La pollution atmosphérique est un risque majeur pour la
population de l'agglomération grenobloise (plus de 100 morts
prématurés par an).
Les effets mortels de la pollution atmosphérique liée
à la circulation automobile sont confirmés par la
nouvelle étude Erpurs (évaluation des risques de la
pollution urbaine sur la santé) menée par l'Observatoire
régional de la santé d'Ile de France, rendue publique
le 3 mars 2003, qui confirme les résultats des précédents
travaux.
Contrairement à ce que l'on croyait, il n'y a pas de seuil
dans le risque et la pollution de fond induit autant, sinon plus
de problèmes que les pics de pollution. L'évolution
climatique va amplifier négativement les conséquences
dans le futur.
L'essentiel de la pollution urbaine de l'agglomération grenobloise
est aujourd'hui due au trafic automobile. Les données de
l'agglomération grenobloise, montrent que la pollution n'a
pas diminué contrairement aux engagements pris par le Plan
de déplacements urbains (PDU) et aux objectifs fixés
par la législation.
Comment diminuer le trafic automobile dans la cuvette ?
Le développement des transports publics est une politique
qui marche à condition d'en payer le prix. Grenoble est la
seule agglomération française où l'évolution
des déplacements en transports en commun est si forte depuis
quelques années.
Nombre de déplacements en transports en commun (SEMITAG)
:
60,8 millions en 2002 contre 46,6 millions en 1997 et +4,3% en 2002
(moyenne nationale +1,6%) par rapport à 2001. Ceci est dû
à l'amélioration du réseau et à la politique
de tarification. Il ne faut surtout pas diminuer l'effort contrairement
à ce qu'est en train de programmer le SMTC.
Pour les déplacements dans le cur dense de l'agglomération,
il faut poursuivre sans retard les mesures prévues : la 3ème
ligne de tram, le réseau de bus (notamment en site propre)
et l'usage du vélo.
La politique du stationnement actuelle doit être renforcée
(priorité aux résidents, diminution de l'offre de
place pour les pendulaires
), et le développement des
zones 30 accéléré.
Malheureusement le SMTC, pour des raisons financières, est
en train de ralentir cet effort : abandon des trolleybus, ralentissement
des investissements, augmentation des tarifs trop forte
Mais le problème le plus urgent reste le déplacement
des pendulaires (trajet domicile travail entre la périphérie
et le centre de l'agglomération).
Il est dramatique de voir chaque matin et chaque soir, un flot ininterrompu
de voitures coincées dans les embouteillages avec une seule
personne à bord : perte de temps, d'énergie, accroissement
de la pollution. Il suffirait de diminuer de 10 à 20 % le
nombre de véhicules pour atteindre une situation plus satisfaisante.
L'agglomération à une géographie propice à
des solutions innovantes. Elle s'étale seulement dans 3 vallées,
il y a donc une concentration naturelle des pendulaires sur seulement
trois axes.
Sans porter atteinte à la liberté de circuler, il
faut équiper ces vallées de moyens de transports en
communs rapides et inciter à les prendre par une tarification
adaptée et une infrastructure de parkings relais bien plus
importante que ce qui est proposé actuellement. Il faut prolonger
des lignes de tram, créer de nouvelles lignes de tram, le
tram-train, des lignes de bus en site propre
Il s'agit d'investissements
lourds car il faut des moyens rapides et de grande capacité
si on veut que les gens changent d'habitude.
Au lieu de payer des études très chères sur
le tunnel, on ferait mieux de payer les études pour les prolongements
des trams vers Moirans et Crolles et étudier vraiment le
tram-train.
Développons toutes les solutions comme le co-voiturage,
les taxis collectifs, le travail à domicile, le télé
travail ,...
Les solutions existent, il ne manque que l'argent : La Métro
et le Conseil Général doivent impérativement
augmenter leurs versements au SMTC de 10% par an, sinon c'est l'échec
programmé du PDU et l'asphyxie dans la cuvette. Il faut trouver
des financements pour prolonger les lignes au delà du périmètre
du SMTC. Il faut aussi que l'Etat subventionne normalement les investissements
dans les transports en commun.
Conclusion
Pour que la consultation des habitants ait un sens, il faut évidemment
que toutes les informations soient données en termes de financement
(les coûts et qui va payer), d'impacts sur les déplacements,
sur la pollution atmosphérique
afin que les habitants
puissent donner un avis en connaissance de cause. Actuellement il
manque des données essentielles sur tous ces points.
Nous avions insisté pour qu'elle se déroule au plus
tard mi 2003, car la révision du PDU selon la loi SRU devait
se faire avant fin 2003. Maintenant que l'on sait que la date limite
de révision du PDU selon la loi SRU est repoussée
jusqu'au 2 juillet 2006, plus rien ne presse.
Comme il est prévu que le PDU doit être évalué
et révisé au bout de 5 ans (en 2005), on peut se donner
un délai d'un an pour examiner l'ensemble des mesures prévues
au PDU, leur pertinence et proposer les évolutions nécessaires
pour décider un avenir vivable dans notre agglomération.
Les partis traditionnels et leurs élus, pour des raisons
purement électoralistes, poursuivent le projet de rocade
nord en camouflant les éléments essentiels du débat.
La grande tromperie est en marche, tout le monde sait que si le
tunnel se fait il sera à péage, mais personne n'ose
le dire de peur de perdre des voix.
Malheureusement, les coutumes et le droit dans notre démocratie,
n'obligent pas les élus à prouver que leurs décisions
sont finançables, le dernier exemple à cet égard
est la nouvelle loi sur les retraites : tout le monde sait qu'elle
n'est pas financée, mais tant pis, on fonce quand même.
Les élus à la Métro et au SMTC s'apprêtent
à faire de même en ce qui concerne le tunnel : fermons
les yeux et fonçons, demain sera un autre jour !
Nous ne marchons pas dans ces pratiques politiciennes. Faire de
la politique autrement c'est d'abord dire clairement les choix et
comment on va les financer. A force de prendre les habitants pour
des imbéciles, on renforce le dégoût de la politique
et on favorise, l'abstention, l'extrême droite et les bateleurs
de foire à la Carignon.
Le bureau de l'ADES
Une brochure détaillée est en cours d'édition
(prix 5 €). |


Une autre étude montre qu'en 2010 il y aurait autant, voire
moins de trafic sur les autoroutes si il n'y avait pas de tunnel
(par rapport à la situation avec tunnel).
Il est donc démontré que la rocade nord va accélérer
le développement des embouteillages aux entrées et
sorties de l'agglomération, au lieu de les réduire.
Faire de la politique, c'est faire
des choix
Le tunnel présente 4 inconvénients :
- Il est inefficace pour désengorger l'agglomération,
au contraire il augmentera le trafic global, donc la pollution atmosphérique
;
- Il va coûter très très cher, on ne connaît
pas le coût exact, ni qui va le payer.
- Il laisse croire aux automobilistes et aux élus qu'il y
a encore un avenir possible au développement des déplacements
en automobile et qu'il n'est pas nécessaire de changer de
comportements.
- Il poursuivra la tendance à la péri-urbanisation
et augmentera la fréquentation des commerces de périphérie
au détriment des commerces de proximité.
En 1999, le conseil de la Métro estimait que si toute les
sources possibles de financement étaient mobilisées,
il était possible d'investir 6 milliards de francs en 10
ans pour réaliser le PDU, or les coûts du PDU sont
chiffrés actuellement au minimum à 12 milliards de
francs ! Qui va apporter les 6 milliards qui manquent ? Il manque
même de l'argent pour les transports en commun, surtout pour
tout ce qui touche au péri-urbain.
Le tunnel est un luxe que l'agglomération ne peut plus se
payer, ce serait l'organisation du grand gaspillage d'énergie,
et d'argent public. Il y a des solutions économiques et écologiques
pour diminuer le trafic automobile dans l'agglomération,
mais il faut de l'argent pour les promouvoir. Faire le tunnel c'est
s'interdire de réussir une politique alternative, car il
n'y aura plus assez d'argent pour les investissements lourds dans
les transports en commun périurbains, qui sont la seule solution
viable à long terme.
Le moment est donc venu de trancher entre deux politiques : l'une,
d'essence libérale, qui ne veut déplaire à
personne et ne peut donc obtenir des résultats efficaces,
l'autre réaliste et volontariste, qui veut construire un
avenir vivable dans la cuvette et qui tranche dans les priorités.
Le PDU actuel est insuffisant, il doit être
repensé.
Le PDU de Grenoble a été fondé sur des idées
justes : ne pas augmenter l'offre de voirie et libérer de
la surface de voirie pour les transports en commun en site propre,
mais il a été beaucoup trop optimiste sur l'évolution
de la circulation automobile. Déjà il violait la loi
sur l'air en ne prévoyant pas de diminution du trafic automobile.
Il s'avère que les nouvelles données des déplacements
montre une dérive inquiétante et le PDU n'a pas pris
les décisions suffisantes. Il prévoyait une diminution
de 50% de la pollution en limitant l'augmentation du trafic et en
tablant sur le fait que les progrès technologiques feraient
le reste, or ces spéculations sont fausses.
L'augmentation du trafic automobile en interne à l'agglomération
dément toutes les prévisions. Il était prévu
une stabilisation puis une légère diminution de ce
trafic, au contraire il est en forte augmentation :
- 1992 : 675 000
- 2002 : 820 000
- Objectif 2010 du PDU = 615 000 !
Et les trafics d'échange et de transit évoluent aussi
fortement. Les voitures neuves ne polluent pas moins car le progrès
technologique est effacé par la course à la puissance
et à la climatisation
L'évolution climatique va amplifier les conséquences
de la pollution, il faut donc renforcer les mesures prises pour
les alternatives à la voiture.
Le programme transports public prend du retard à cause du
manque de financements, La Métro et le Conseil Général
ne versent pas assez d'argent au SMTC et en plus le nouveau gouvernement
diminue ses subventions.
Arrêtons les mensonges et les manipulations.
Depuis le début des réflexion sur le PDU, la question
financière est tabou : mensonge sur les vrais coûts
(6 milliards de francs en 1999), alors que le coût actuel
se chiffre au minimum à 12 milliards de francs. Les décideurs
refusent de faire la clarté et minimisent sciemment les coûts
afin de faire croire que tout est possible et surtout ne pas dire
qui va payer le tunnel.
On cache les études de circulation, pour ne pas montrer
l'inutilité globale du tunnel.
On fait voter dans le PDU le principe irréaliste d'une rocade,
gratuite, souterraine avec traitement des fumées et ensuite
on propose une rocade qui sera payante, en partie aérienne,
sans traitement des fumées
Le PDU prévoyait qu'en 2005 : "Après l'évaluation
des premiers résultats de l'ensemble des mesures ambitieuses
de la première phase, qui auront rendu les transports collectifs
et les modes doux plus compétitifs pour la mobilité
quotidienne, la collectivité pourra décider de conforter
ce concept de libération de l'espace et de transfert modal,
par l'achèvement de la rocade nord avec la construction du
tunnel sous la Bastille. L'extension du réseau tramway se
poursuivra et sera complétée par les premières
réalisations de type "tram-train", renforçant
ainsi l'effet réseau à l'échelle de l'ensemble
du bassin de vie de la région urbaine. "
Donc, la décision définitive de réalisation
du tunnel ne devrait être prise qu'après évaluation
des résultats de la première phase, c'est à
dire, suite aux retards de la 3ème ligne de tram, pas avant
2007, alors que les lobbies routiers veulent la prendre maintenant,
sans connaissances précises sur l'impact d'un projet qui
aura des conséquences pour toute la région pendant
des dizaines d'années.
Le 5 juillet 2002, La Métro vote le programme des études
d'avant projet sommaire (APS) de la rocade nord proposé par
l'Etat. Sans rien dire, la DDE le 24 juillet 2002, change le contenu
des études, elle a lancé des marchés de définition
en préalable à l'APS qui portent uniquement sur la
partie nord ouest de la rocade (coté presqu'île scientifique).
Il va donc manquer des études précises notamment sur
la modélisation du trafic de l'ensemble de l'agglomération
avec ou sans la rocade (avec mise en service des prolongement des
trams, du tram train). C'est évidemment fondamental .
Les coûts ne seront expertisés que sur la portion
d'étude (presqu'île scientifique). La partie en tunnel,
la plus chère, ne restera qu'au stade de l'estimation, d'où
la porte ouverte à tous les dérapages de coûts
ultérieurs.
Le traitement des gaz ne fait pas partie de ces études alors
qu'il devra être traité dans l'APS. De même pour
le bruit, rien de précis n'est prévu dans le marché
de définition.
La tactique actuelle des décideurs est de faire la rocade
en deux temps.
1er temps : le plus rapidement possible (d'où la manuvre
des marchés de définition ci-dessus), faire la partie
aérienne et en tranchée couverte de St Martin le Vinoux
à la A480, car il reste de l'argent à la région
pour la financer, cette partie ne pouvant pas être à
péage. Si possible avant 2007, pour montrer aux électeurs
que les choses avancent
Ce barreau ne servira à rien
vis à vis des problèmes de circulation globaux et
il coûtera au minimum 500 MF.
2ième temps : le tunnel, qui ne se fera qu'à
péage, car les collectivités et l'Etat ne voudront
pas le payer et qui sera renvoyé à un avenir plus
lointain.
Le 11 juillet 2003, sans avoir le moindre dossier de synthèse,
les élus de la Métro à l'exception des élus
écologistes ont tous votés pour une rocade nord en
contradiction avec ce que prévoyait le PDU, puisqu'ils ont
exclu la solution souterraine et le traitement des fumées
et accepté la réalisation en deux temps.
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