Petits trajets en voiture : l'ennemi de l'environnement
Article paru dans Isère Nature - n°229 - février 2002

Un trajet en voiture sur 2 fait moins de 3 kilomètres et pire, un sur quatre, moins d'un km. Tout est prétexte à utiliser son automobile aller au travail, faire ses courses, conduire ses enfants à l'école même quand on a seulement 500 mètres à parcourir! Ces petits trajets effectués en ville et à moteur froid engendrent une forte surconsommation de carburant (plus 80% au premier Km, plus 50% au deuxième, celle-ci ne redevenant normale qu'entre le troisième et le sixième Km)

Utiliser sa voiture pour des petites distances favorise donc les encombrements, multiplie la consommation de carburant par trois et les émissions de certains polluants presque par quatre. Les effets néfastes de ces gaz sur la santé sont alors accentués. Le monoxyde de carbone (CO), qui résulte d'une combustion incomplète et rapide du carburant, notamment lors des embouteillages, cause des troubles cardio-vasculaires, des migraines, des vertiges … Les oxydes d'azote (Nox), produits par la réaction de l'oxygène et de l'azote de l'air sous l'effet de la température du moteur, diminuent les défenses immunitaires et altèrent les fonctions pulmonaires D'autres polluants comme les hydrocarbures ont des actions cancérigènes.

Les petits trajets en voiture cumulent les défauts. En effet, un Français sur quatre subit des nuisances sonores dues à ce genre de déplacements. En 1986, 10 millions de personnes supportaient un niveau de gêne supérieur à 65 dB en façade d'habitation dont trois millions à plus de 70 dB, seuil de l'intolérable. De plus, les automobiles et le stationnement prennent de la place. Tous les modes de transports ne sont pas aussi consommateurs d'espace que la voiture individuelle. Un déplacement en bicyclette en consomme quatre fois moins et un déplacement en bus jusqu'à 30 fois moins. Que d'espaces disponibles pour des parcs et des Jardins qui, en plus, absorberaient du gaz carbonique I

Outre leur dangerosité pour la santé, les déplacements urbains ont des conséquences graves sur l'environnement, tel que l'effet de serre. Au-delà de la pollution locale constatée à proximité des sources d'émission, on distingue la pollution régionale, due à la dilution des gaz qui Ignore les frontières. Les pluies acides entraînant le dépérissement des forêts proviennent des émissions de Nox, de SO2 (dioxyde de soufre) et dans une moindre mesure de CO.

Pour faire face à tous ces problèmes, le gouvernement a voté une loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie. Elle rend obligatoire dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants au 1er janvier 1998 et sur l'ensemble du territoire au 1er janvier 2000 la mise en place d'un dispositif de surveillance de la qualité de l'air. Elle prévoit l'élaboration d'un PPA (Plan de protection de l'atmosphère) dans les agglomérations de plus de 250000 habitants définissant les mesures d'urgences en cas de dépassements des seuils d'alerte : restriction de la circulation aux véhicules munis de la pastille verte, gratuité des transports publics … Cette loi favorise le développement des véhicules propres : mesures fiscales pour les carburants peu polluants GPL et GNV … Elle projette aussi la création d'un PDU (plan de déplacements urbains) pour les agglomérations de plus de 100 000 habitants avec des objectifs de réduction de la circulation automobile et de développement des modes de transports alternatifs : transports en commun, vélo, marche à pied. Des associations comme l'ADTC dans la région grenobloise travaillent en ce sens. Elles se battent pour que les transports publics soient plus confortables et constituent une alternative crédible à la voiture particulière.

En attendant, la solution serait que chacun se déplace Intelligemment. Parcourir 500 mètres à pied prend 8 mn, évite les problèmes de démarrages (50% de l'usure du moteur), des feux et la recherche d'une place de stationnement (souvent payante !). De plus, contrairement aux idées reçues, on ne gagne pas en rapidité en prenant sa voiture. Selon I'INSEE, le moyen de transport le plus rapide en ville serait le vélo, suivi du tramway puis de la voiture.

Séverine LENGLET